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Libération
Edito

Biden-MBS : un clash de titans avec le prix du litre d’essence au centre

L’Opep + a décidé de soutenir le prix du pétrole contre la volonté américaine. Cette tentative d’émancipation de Mohammed ben Salmane par rapport au vieil allié américain pourrait se heurter au besoin de protection de Riyad.
Joe Biden et Mohammed ben Salmane à Jeddah, le 15 juillet. (Bandar Algaloud/VIA REUTERS)
publié le 3 novembre 2022 à 20h36

Un milliard de dollars par jour. La flambée des prix du baril de pétrole depuis l’invasion de l’Ukraine par Vladimir Poutine a singulièrement gonflé les caisses de l’Arabie Saoudite et de son prince pas si charmant, Mohammed ben Salmane, dit «MBS». Et elle a donné des idées au même MBS : après des décennies d’acquiescement saoudien à la volonté de Washington, le royaume ne pourrait-il pas s’affranchir enfin du vieil allié américain, bien trop pointilleux sur les droits de l’homme et certainement sur les droits de la femme ?

Qui se ressemble s’assemble, et l’alternative pour MBS est évidente – l’accélération du rapprochement avec la Chine, premier client du pétrole saoudien et autocratie peu pointilleuse sur ce qui peut fâcher l’opinion publique, encore moins sur le prix du baril de brut. La décision de l’Opep + de réduire significativement sa production pour soutenir le prix du brut qui dégringolait, menée par l’Arabie Saoudite, a ainsi mis en difficulté le président américain, Joe Biden, à la veille d’élections cruciales au Congrès et au Sénat.

Seulement voilà, très loin de l’image d’un président démocrate âgé et bon enfant, Biden n’entend pas accepter ces velléités d’émancipation du royaume saoudien, qui est totalement dépendant pour sa sécurité de l’armée de l’Oncle Sam et de ses services de renseignements technologiques. Au centre de ce clash de titans : le prix du litre d’essence à la pompe aux Etats-Unis, dont nos envoyés spéciaux sur le terrain en Arizona ont pu constater l’immense importance électorale. MBS préfère peut-être la compagnie de son nouvel ami Vladimir Poutine et de son nouvel allié Xi Jinping à celle de Biden, mais vers qui pourra-t-il se tourner quand des missiles et des drones iraniens s’abattront sur sa capitale et sur ses précieux puits de pétrole ? Il est encore temps pour le prince Mohammed ben Salmane de faire rentrer ce génie dans le baril avant qu’il ne soit trop tard.