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Libération
L'édito d'Alexandra Schwartzbrod

Un crash en Iran, une réquisition à La Haye : double séisme au Moyen-Orient

La mort du président iranien Ebrahim Raïssi, ainsi que la demande de mandats d’arrêt émanant du procureur de la CPI, viennent ajouter encore plus d’instabilité à une région à feu et à sang.
Les forces de sécurité irakiennes déploient des bannières à l'effigie du président Ebrahim Raïssi devant l'ambassade d'Iran à Bagdad, après l'annonce de son décès, le 20 mai. (AHMAD AL-RUBAYE/AFP)
publié le 20 mai 2024 à 21h04

Le Moyen-Orient est plus que jamais en ébullition, ses piliers ne cessant de vaciller sur leurs bases. Après plus de sept mois d’une guerre féroce entre le Hamas et Israël, avec l’Iran en embuscade, deux événements majeurs sont venus, en moins de vingt-quatre heures, brouiller encore un peu plus les lignes. La mort, d’abord, du président iranien Ebrahim Raïssi (et de son ministre des Affaires étrangères) dans un crash d’hélicoptère dimanche, un dur parmi les durs surnommé le boucher de Téhéran, celui qui avait accentué la répression contre les femmes cherchant à se libérer de leur foulard et les hommes qui les soutenaient, celui surtout qui était appelé à succéder au guide suprême Ali Khamenei. Certes, le régime théocratique iranien est un système verrouillé à triple tour et la chute d’un rouage, même important, ne suffira pas à provoquer l’effondrement de l’ensemble, mais les dictatures ont horreur du changement, elles ne s’épanouissent que figées. Or, pendant que les mollahs se réorganisent à la va-vite, la colère populaire contre le régime continue de couver.

Autre événement majeur, les mandats d’arrêt réclamés lundi par le procureur de la Cour pénale internationale contre les trois principaux dirigeants du Hamas et contre Benyamin Nétanyahou et son ministre de la Défense pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Ce scénario était redouté depuis plusieurs semaines par le Premier ministre israélien qui, si les mandats étaient confirmés par les juges, ne pourrait plus se déplacer à l’étranger. Au-delà de la simple contingence matérielle, le symbole est d’autant plus dévastateur pour Nétanyahou que la CPI a épargné son rival, Benny Gantz, qui la semaine dernière menaçait de démissionner du cabinet de guerre si une stratégie n’était pas définie pour l’après-Gaza. Comme l’a dit l’expert Bernard Hourcade à Libération, tout va se jouer dans la région «à une nuance près». Il suffit parfois d’un rien pour changer les rapports de force.