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Libération
Edito

Guerre en Ukraine : une réaction russe qui trahit un état de faiblesse

La salve de missiles de Vladimir Poutine, purement vengeresse, ne répond à aucun objectif stratégique, et révèle la perte de contrôle du Kremlin qui perd pied sur le terrain.
Une trace de sang sur le sol sur les lieux du bombardement russe, à Kyiv, le lundi 10 octobre 2022. (Efrem Lukatsky/AP)
publié le 10 octobre 2022 à 20h42

Vladimir Poutine croit donc aux vertus de la Loi du Talion, «œil pour œil, dent pour dent», «tu m’endommages mon pont, je noie tes principales villes sous les bombes». Mais il y a un hic : la nature des deux opérations est très différente. L’explosion qui a endommagé le pont visait à détruire un ouvrage à la fois symbolique (la fierté de Poutine) et stratégique (il est vital pour la logistique militaire russe dans toute la zone) alors que la pluie de missiles russes qui s’est abattue sur l’Ukraine depuis dimanche a pour objectif de terroriser les civils et de tuer de façon indiscriminée. On imagine aisément Vladimir Poutine tapant du pied devant ses écrans, samedi, à la vue du camion devenu boule de feu, en jurant de détruire les Ukrainiens jusqu’au dernier. Cette réaction d’un autre temps – de cette époque, bien avant notre ère, qui a donné naissance à la Loi du Talion – en dit long sur le niveau de celui qui fait actuellement trembler l’Europe. Et aussi de son état de faiblesse.

Cette série de frappes russes est une vengeance pure, en aucun cas une stratégie militaire puisque, sur le front, les forces de Volodymyr Zelensky continuent à avancer. Et les Ukrainiens ont montré, depuis le début de cette guerre, que la peur de mourir ne les faisait pas reculer. Bien au contraire, elle renforce leur combativité. Il reste que la situation est hautement inflammable, surtout si la guerre menace de déborder sur le Bélarus, où le président Loukachenko envisage de mobiliser des hommes contre Kyiv, et la Moldavie qui n’a pas apprécié de voir des missiles russes violer son espace aérien. On sent ces derniers temps le Kremlin beaucoup moins en maîtrise, travaillé de l’intérieur par les appétits ou la haine d’hommes prêts à tout, du Tchétchène Ramzan Kadyrov au russe Evgueny Prigojine (fondateur du groupe paramilitaire Wagner). Il faut juste espérer que toutes ces folies finissent par s’annihiler.