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Libération
L'édito de Paul Quinio

Union de la gauche : et si c’était sans Mélenchon ?

Depuis le refus du leader insoumis de qualifier le Hamas de terroriste, la Nupes est à l’agonie. Construire la suite doit passer par un vrai travail de fond, qui ne mette pas sous le tapis les désaccords fondamentaux.
Jean-Luc Mélenchon, , à Toulouse, le 22 mars. (Alain Pitton/NurPhoto. AFP)
publié le 26 octobre 2023 à 20h55

Une histoire de personne ? A gauche, certains essayent de se rassurer en se disant que l’explosion de la Nupes, pas officielle mais effective après que Jean-Luc Mélenchon a refusé, malgré l’abomination des massacres perpétrés le 7 octobre, de qualifier le Hamas d’organisation terroriste, ne serait qu’une histoire de personne. Comprendre que si Jean-Luc Mélenchon n’existait pas, la Nupes pourrait se réinventer. Ils font fausse route. Bien sûr que la personnalité éruptive du leader insoumis est depuis longtemps un facteur de divisions. Mais réduire le problème que pose LFI à la gauche à la personnalité de Jean-Luc Mélenchon, aussi charismatique soit-il, c’est faire peu de cas de la cohérence idéologique, stratégique et même tactique qui cimente LFI. Dit autrement, enlevez Jean-Luc Mélenchon, il restera toujours une Danièle Obono, une Mathilde Panot ou des militants insoumis pour refuser de qualifier de terroriste l’attaque du Hamas.

Sur un autre sujet international qui clive à gauche, la guerre en Ukraine, la mansuétude de Jean-Luc Mélenchon à l’égard de Vladimir Poutine correspond aussi à un socle insoumis commun, qui ne disparaîtra pas non plus si le patron de LFI prenait du champ (ce qui n’est de toute façon pas d’actualité). Les historiens rappelleront que l’union à gauche a toujours été un fleuve parsemé de divisions. Mais il en est qui sont plus difficiles à surmonter que d’autres. C’est le cas aujourd’hui. Il est heureux que le PS, les écolos et les communistes aient acté ce désaccord majeur. Jean-Luc Mélenchon, Hamas ou pas Hamas, avait de fait enterré stratégiquement la Nupes, convaincu que la période pré-révolutionnaire dans laquelle nous serions nécessite de cliver à outrance. La Nupes est donc bien morte. Vive… Vive quoi du coup ? Le désir d’union parmi l’électorat de gauche perdure. D’aucuns s’agitent pour maintenir des canaux de dialogue avec les «frondeurs» insoumis. Socialistes et écologistes peuvent-ils être, ensemble les promoteurs d’une nouvelle maison commune ? Trop tôt pour le dire. Une chose est sûre : une union qui ne serait pas de façade commence par un vrai travail de fond qui ne mette pas les désaccords fondamentaux sous le tapis. La séquence que traverse la gauche depuis le 7 octobre le prouve.