Cent soixante mille personnes ont défilé samedi dans toute la France pour dire leur opposition à la vaccination ou au pass sanitaire actuellement examiné par le législateur. C’est beaucoup, un tiers de plus que le samedi précédent. Comme il y a huit jours, les cortèges étaient hétéroclites. Des antivax purs et durs, complotistes ou extrémistes, souvent les deux, souvent très perméables aux fausses informations qui circulent notamment sur les réseaux sociaux. Des anti-pass raisonnables mais soucieux de préserver une liberté à leurs yeux trop malmenée par les mesures gouvernementales. Des gilets jaunes radicalement anti-Macron. Des réticents de la piqûre mais quand même primo-dosés.
Cette grogne est en train de s’installer, la progression d’une semaine à l’autre du nombre de manifestants l’atteste. Retombera-t-elle dès le chassé-croisé du week-end prochain en même temps que s’installera la torpeur traditionnelle du mois d’août ? Possible, mais pas certain. Et même en cas de trêve estivale, le mouvement pourrait repartir à la rentrée. Certains élus font en tout cas remonter cette inquiétude au locataire de l’Elysée, omniprésent dans les slogans vus, lus ou entendus samedi. Leur présence sur le pavé à la rentrée sera d’autant plus à surveiller que c’est à ce moment-là que le variant delta remettra sans doute l’hôpital sous tension.
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Pourtant, si les cortèges de samedi peuvent rendre jaloux des syndicats qui seraient souvent aux anges de mettre autant de monde dans la rue juste en claquant des doigts, il faut comparer cette mobilisation… à celle des Français qui sont allés se faire vacciner le même jour. Ces derniers étaient deux fois plus nombreux. Moins bruyants, parfois peut-être un brin boudeurs ou résignés. Mais décidés à l’arrivée à gonfler les chiffres de la vaccination, le cap des 40 millions de Français ayant au moins reçu une dose devant être franchi aujourd’hui. L’occasion de décerner une médaille à Emmanuel Macron ? Non. Juste de se réjouir de la progression de la vaccination, pendant que le variant delta, lui, continue de galoper.