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Libération
L'édito d'Alexandra Schwartzbrod

Vingt-trois ans après le 11 Septembre, tout le monde a oublié que des hommes croupissaient à Guantánamo

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Les attentats du 11 Septembre 2001 aux Etats-Unisdossier
«Libé» a passé une semaine dans la baie cubaine abritant la célèbre prison créée après les attentats du 11 Septembre. Aujourd’hui, seuls 30 détenus y subsistent et les audiences des accusés s’y déroulent dans l’indifférence.
A l'entrée de la prison américaine de Guantánamo, en octobre 2016. (John Moore/Getty Images.AFP)
publié le 19 août 2024 à 19h57

Ce reportage sur Guantánamo est à la fois exceptionnel et lunaire. Exceptionnel car il n’est pas facile d’approcher cette base américaine, sans doute la plus protégée au monde, qui abrite la prison de haute sécurité où végètent encore trente militants ou terroristes islamistes, dont certains accusés d’avoir participé aux attentats du 11 Septembre. Notre envoyée spéciale a dû attendre plusieurs mois avant d’être autorisée à s’y rendre. Elle a dû se plier à des formalités administratives en pagaille et jusqu’à des entretiens en visioconférence afin que les Américains s’assurent que son dessein était bien journalistique. Et, une fois, sur place, la moindre de ses images, le moindre de ses faits et gestes ont été scrutés à la loupe par les militaires. Lunaire, le mot est encore faible, nous ne sommes pas loin de la Colonie pénitentiaire publiée en 1919 par Franz Kafka.

La prison de Guantánamo, on a fini par l’oublier, se situe dans un endroit de rêve, la plus belle baie de Cuba, le choc des deux univers est d’autant plus rude, un lieu loué par l’administration américaine depuis 1903 pour 4 085 dollars (3 816 euros) par an, cherchez l’erreur. La cour martiale est en préfabriqué car censée être provisoire depuis… vingt-deux ans et