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Libération
L'édito d'Hamdam Mostafavi

Violences sexistes et sexuelles : les apprentis acteurs d’Hélène Zidi dans la gueule du «gourou»

Alors que débute le Festival d’Avignon, notre enquête révèle le climat délétère d’une école de théâtre réputée mettant en lumière que, hélas, les violences sexistes ne sont pas que le fait des hommes.
Hélène Zidi, à Paris, en juin 2024 (Delphine Ghosarossian et Getty/Montage Libération)
publié le 7 juillet 2025 à 20h53

Le milieu est difficile. La concurrence totale. Dans ce métier à l’accès ultra restreint, la plupart des acteurs vivotent tandis qu’émerge une poignée de stars. En fera-t-on jamais assez pour être l’élu·e parmi tant d’artistes ? Alors, pour se donner les meilleures chances de sortir du lot, rien ne vaut une école prestigieuse qui donnera carnet d’adresses et carte de visite. Une fois dans l’école, souvent un investissement coûteux, faut-il alors se plier à tout ? Quand termine la technique d’apprentissage et quand commence la violence ? On le voit dans toutes les affaires de violences sexistes et sexuelles, celles-ci prennent leurs racines dans les zones de flou, là où les règles ne sont pas écrites, pas dites.

Notre enquête révèle aujourd’hui l’étendue des pratiques dans l’école d’Hélène Zidi. Celle-ci ne fait pas figure d’exception. D’autres écoles, d’autres compagnies sont pointées pour le même phénomène, qui touche particulièrement les jeunes actrices. Cette dernière affaire met aussi en lumière que, hélas, les violences sexistes ne sont pas que le fait des hommes, mais que les femmes peuvent être pétries de préjugés sexistes. Certes, la prise de conscience semble là. Après le témoignage de Judith Godrèche et le début d’un #MeToo dans le cinéma français, la Commission d’enquête parlementaire dédiée aux violences dans les secteurs de la culture, présidée par l’écologiste Sandrine Rousseau et le centriste Erwan Balanant, a fait un énorme travail : six mois d’enquête, près de 120 heures d’audition, pour une conclusion sans appel. Le milieu est «surexposé» aux violences sexistes.

A deux mois d’Avignon, qui a débuté le 5 juillet, le numéro 2 du Festival, Pierre Gendronneau, démissionnait aussi pour des accusations de violences sexistes. Le sujet reste traité à la marge mais sans le sentiment que la profession, qui – au sens large étudié par la commission – emploie environ un demi-million de personnes et compte 800 000 étudiants, s’en empare franchement. Du côté du législateur, la commission d’enquête a fait 86 recommandations sur le sujet. La tâche semble cependant dépasser le cadre de la loi. La libération de la parole est un premier pas, il tarde maintenant de repenser tout un système qui considère les actrices comme de la chair à broyer.