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Libération
L'édito d'Alexandra Schwartzbrod

Vote de confiance : Bayrou s’auto-dissout

Sollicitant les députés pour trancher, le 8 septembre, sur le budget et son avenir, l’impopulaire Premier ministre a justifié, ce lundi, son plan d’austérité afin de consolider son poste. Les oppositions l’ont déjà condamné.
Conférence de presse de François Bayrou, lors de sa conférence de presse, ce lundi. (Denis Allard/Libération)
publié aujourd'hui à 21h06

A écouter François Bayrou, ce lundi, une évidence nous a sauté aux yeux : les congés payés n’ont pas été inventés pour rien, ils permettent de se reposer et de reprendre le travail avec un minimum d’énergie et d’optimisme. Le Premier ministre a clamé ces derniers mois qu’il passerait un «été studieux» à Matignon et cela s’est senti lorsque, d’une voix sépulcrale et le visage blême, il a déroulé en ce 25 août un tableau apocalyptique de la situation du monde («la planète ne tourne pas bien»), de l’Europe («l’Europe ne tourne pas bien non plus») et surtout de la France, un pays en état «d’urgence vitale». Que la planète ne tourne pas bien, c’est un euphémisme. Que le pays soit en état d’urgence vitale, dans la même situation ou presque que la Grèce de 2008 (ce qu’avait démenti en novembre Antoine Armand, le ministre des Finances d’alors), c’est l’ultime moyen trouvé par le Béarnais pour faire comprendre aux Français que l’heure est grave, qu’ils ont assez profité des fonds publics («la dette a d’abord été dépensée pour protéger nos concitoyens, la dette c’est chacun d’entre nous») et… qu’il faut le consolider à son poste car, en gros, ce serait lui et son programme d’austérité ou le chaos.

Vu le niveau de sa cote de popularité et l’ampleur des mouvements sociaux qui se préparent, foutu pour foutu, François Bayrou a donc choisi de faire tapis en sollicitant un vote de confiance le 8 septembre. Suicidaire ou courageux, il y a sans doute un peu des deux dans cette annonce qui, après un bref moment de sidération, a été prise au mot par tous les partis d’opposition qui ont assuré qu’ils ne voteraient pas la confiance. Alors François Bayrou a-t-il encore la moindre chance de sauver son poste ? En politique, tout est possible. Il lui reste deux semaines pour surfer sur l’effet de dramatisation employé lundi et pour convaincre que «tout le monde participera à l’effort, y compris les plus favorisés», comme il l’a précisé, conscient qu’il s’agit là du gros point faible de son programme. Le compte à rebours est enclenché.