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Libération
L'édito de Dov Alfon

Vote de confiance : François Bayrou crie au loup en n’effrayant qu’Emmanuel Macron

Alors que le Premier ministre espère garder son poste en agitant les frayeurs budgétaires, il est difficile de croire que les Français s’émeuvent d’un «danger mortel» qui n’inquiète pas même les alliés de la macronie.
Emmanuel Macron, à Paris, le 5 mars 2025. (Boby/Libération)
publié le 26 août 2025 à 20h54

Lors de leur premier Conseil des ministres commun, le 3 janvier, Emmanuel Macron avait demandé à son nouveau Premier ministre – le quatrième en un an – de «s’engager à l’audace». Mais c’est plutôt à la frayeur que François Bayrou a tenté ces derniers mois d’habituer les Français. Au loup, bonnes gens, au loup ! «Je vous dis avec certitude que si on ne réussit pas cet essai, alors c’est la dernière station avant la falaise», avait-il commencé avant même de présenter ses ministres, s’emmêlant au passage dans les métaphores.

Le Béarnais était revenu plus tard aux fondamentaux, qualifiant la dette extérieure de la France de «danger mortel pour un pays», annonçant au début des vacances d’été que «notre pronostic vital comme Etat est engagé» pour terminer ce lundi sur une tirade de politique-frisson bourrée de données aléatoires, voire incompréhensibles.

Du coup, la question se pose d’elle-même : si un Premier ministre crie au loup sans inquiéter ses partenaires politiques, pourquoi les Français devraient-ils en avoir peur ? Rien ne les a préparés à l’urgence – ni la longue procrastination d’Emmanuel Macron avant de nommer Bayrou, ni la longue valse de Bayrou avec des prétendants politiques éconduits, ni la liste de priorités de l’exécutif dont aucune ne semblait être le déficit budgétaire.

Et c’est ce manque de cohérence – entre un Premier ministre prenant l’avion pour Pau et un président de la République faisant du surf sur la Côte d’Azur – qui a invisibilisé le «danger mortel» de la dette. Pour Emmanuel Macron, ce loup qui ne fait peur à personne devient maintenant un chat tout aussi célèbre, celui présenté par Erwin Schrödinger. Tant que la boîte n’est pas ouverte, son Premier ministre est à la fois mort et vivant. Le 8 septembre, le Président risque de se retrouver sans Premier ministre, mais avec une dette qu’ignorer plus longtemps ne fera pas disparaître.