Un gouvernement non représentatif, un Président ignorant les voix des citoyens, même quand il les consulte, sur fond de hausse des inégalités et de crise climatique… Nos institutions ne sont plus en mesure de répondre aux aspirations et aux colères des Français. Dix-huit personnalités du monde syndical, associatif, universitaire, des essayistes et des militants nous livrent leurs pistes pour «déverticaliser» le pouvoir. Et restaurer l’envie de démocratie. Toutes les contributions sont à retrouver dans notre dossier spécial.
Une crise s’ajoute à toutes les autres. Elle concerne l’assise affective des démocraties. Ces dernières échouent à faire proliférer des émotions qui les feraient perdurer et être désirables face aux logiques affinitaires et au repli sur soi. On sait combien les politiques des émotions sont déterminantes alors même que la science nous a convaincus que l’intelligence s’élabore à partir des émotions (je pense au livre d’Antonio Damasio l’Erreur de Descartes : la raison des émotions).
Les démocraties ont méprisé le rôle des émotions ; ces dernières sont perçues comme un danger plutôt que comme une chance. Ce diagnostic semble avoir été confirmé par les populistes de tous bords qui véhiculent des idées nationalistes, conservatrices, cultivent la nostalgie des régimes autoritaires, et utilisent très efficacement la peur à grande échelle. Ceci explique