L’historien palestinien Elias Sanbar voit dans la future reconnaissance par la France d’un Etat palestinien à l’ONU la réalisation d’un souhait qu’il avait formulé dans son dernier essai (la Dernière Guerre ? 7 octobre 2023 - 2 avril 2024, Gallimard), et une façon d’inverser le sens de l’histoire par un geste inédit.
Comment vivez-vous cette annonce pour laquelle vous avez tant lutté ?
Je suis ému et satisfait comme après une longue attente, une pause dans le cours d’un véritable cauchemar face à l’épuration ethnique en cours à Gaza et à l’annexion rampante de Jérusalem-Est et de la Cisjordanie. Cela fait longtemps que je pense et écris que c’est la voie à suivre, qu’il faut «mettre la charrue avant les bœufs», inverser une sorte d’ordre immuable des choses dans le processus vers une paix.
C’est-à-dire ?
Depuis trente-quatre ans et la conférence de Madrid, la règle imposée par les Etats-Unis était qu’il fallait d’abord négocier la paix avant de passer à la question de la reconnaissance. Cette condition a laissé tout le temps à la c