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Libération
Entretien

Elisabeth Roudinesco : «Tout le monde voyait que Gérard Miller utilisait l’hypnose pour son propre plaisir»

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Violences sexuellesdossier
L’historienne de la psychanalyse freudienne juge que le psychanalyste lacanien, accusé de violences sexuelles par une cinquantaine de femmes, jette l’opprobre sur l’hypnothérapie en faisant de sa pratique un moyen de manipuler les êtres.
Gérard Miller en janvier 2000 sur le plateau de l'émission «Vivement dimanche». (Jean-Jacques Datchary /ABACA)
publié le 9 mars 2024 à 13h50

On aurait pu croire que les accusations de viols, d’agressions sexuelles, et de tentatives d’agressions sexuelles qui visent Gérard Miller, 75 ans, se traduiraient par une mise en cause de la psychanalyse, discipline dont il se présentait comme le spécialiste à chaque fois qu’il prenait la parole à la télévision. C’était sa grille de lecture de l’actualité. Ce n’est pas ce qui s’est passé. Depuis la révélation de l’affaire ce qui sidère le plus, c’est l’aveuglement de son entourage amical et professionnel, évoluant dans le milieu psychanalytique mais aussi dans les mondes médiatiques et politiques.

La véhémence avec laquelle Gérard Miller s’exprimait et les sujets qui l’obsédaient (l’art de la manipulation, notamment) auraient pu être interprétés comme des signes inquiétants. Historienne, présidente de la Société internationale de la psychiatrie et de la psychanalyse, autrice de Jacques Lacan. Esquisse d’une vie, histoire d’un système de pensée (Fayard, 1993) et de Sigmund Freud en son temps et dans le nôtre (Seuil, 2014), Elisabeth Roudinesco replace l’hypnose, qu’il pratiquait sans être hypnothérapeute, dans l’histoire de la psychanalyse.

L’affaire Gérard Miller risque de jeter le discrédit sur l’hypnose. Pouvez-vous rappeler la naissance et l’histoire de cette thérapi