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Chronique Ré/jouissances

Elizabeth II, chérie à bibis

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Chronique «Ré/Jouissances»dossier
Recherche désespérée des raisons qui expliquent la fascination exercée par une reine anachronique, routinière et silencieuse sur une époque vieillissante, paniquée et bavarde.
La reine Elizabeth II est morte jeudi 8 septembre. (Christopher Furlong/AFP)
publié le 13 septembre 2022 à 5h42

Avant ensevelissement définitif sous les hommages, essayons de comprendre pourquoi la disparition d’Elizabeth II rencontre un tel écho dans la France républicaine. Après tout, madame Windsor n’exerçait qu’un pouvoir symbolique qui est allé s’élimant au long de ses soixante-dix ans de présence et de préséances. Ce dépérissement n’a fait que s’aggraver à mesure que l’Empire britannique a vu le soleil se coucher sur sa gloire défunte. Pire, la trivialité des images autorisées ou volées a fini par gangrener le mystère magnifié qui légitimait le sacrement accordé à une seule, face à la multitude reconnaissante de tant d’insignifiance.

Longévité et éternité

Elizabeth II a tenu bon la rampe jusqu’à 96 ans. La souveraine avait encore toute sa tête couronnée. Dans un Occident vieillissant, où chacun croise les doigts en espérant que ses anciens évitent les écueils de la dépendance, la longévité de la dame de Balmoral tenait du talisman affectif. Sa présence impavide rehaussait les bilans sanguins et arasait les courbes de température de ses contemporains d’âge certain. Tant que l’écuyère d’Ascot allait de l’avant, calme et droite, les autres chevaux de retour, gris et chenus, ne se