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Analyse

Entre la France et l’Algérie, la guerre des mémoires met les historiens en porte-à-faux

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Guerre d'Algérie (1954-1962), un conflit historiquedossier
Alors que les relations sont très tendues entre Paris et Alger, les politiques instrumentalisent l’histoire de la colonisation et de la décolonisation pour mettre en scène leurs désaccords. Mais les chercheurs des deux pays s’efforcent de travailler ensemble et d’échapper à toute récupération.
Un Algérien tué par la police à Alger, en décembre 1957. (AFP)
publié le 12 mars 2025 à 10h31

De part et d’autre de la Méditerranée, les historiens commencent à y être habitués. A chaque soubresaut entre l’Algérie et la France, ils sont parmi les premiers sollicités pour commenter ici un geste de réconciliation, là les mots de la discorde, et parfois jouer les arbitres, comme avec les propos de Jean-Michel Aphatie sur des «Oradour-sur-Glane en Algérie» lors de la conquête coloniale française. «A chaque crise, on prend des coups, on nous demande de jouer les pompiers», soupire Amar Mohand-Amer, historien au Centre national de recherches en anthropologie sociale et culturelle d’Oran.

Certains s’y prêtent de bonne grâce, d’autres passent leur chemin, répétant «je ne veux plus répondre à ces questions». Alors que la tension politique entre les deux pays est montée progressivement depuis l’été 2024 pour atteindre un niveau maximal en janvier 2025, après les propos du président Macron sur la «marocanité» du Sahara- Occidental et l’arrestation de l’écrivain Boualem Sansal, rien ne semble neuf sous le soleil des chercheurs, quelle que soit la génération à laquelle ils appartiennent.

Pourtant, des hauts et des bas, il y en a eu. L’historien Benjamin Stora s’en rappelle. De l’année 1973 notamment, marquée par une tension diplomatique extrême et