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Environnement : pourquoi la raison nous mène dans le mur

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«La Crise écologique de la raison», le simple titre du livre de Val Plumwood, écrit en 2002 et traduit en français en 2024, donne envie de l’ouvrir. C’est bien notre rationalité qui nous conduit à la catastrophe, et la philosophe australienne nous aide à comprendre pourquoi.
Lors d'une crue à Northampton (Midlands de l'Est), en Angleterre, le 3 janvier. (Ben Stansall/AFP)
publié le 13 mars 2024 à 8h02

La résolution des crises environnementales en cours passe par une critique de la raison qui sous-tend la pensée occidentale depuis les Lumières. «Tant que nous restons enfermés dans ce récit dominant qui met en scène le triomphe d’une raison héroïque sur une nature aveugle, il y a peu d’espoir pour nous», écrit de Val Plumwood (1939-2008) dans son essai la Crise écologique de la raison (PUF et Wildproject, 2024). Dans ce texte, paru en 2002, et enfin traduit en français, la philosophe australienne décédée en 2008 parle des «rationalistes fous», mais elle nous invite aussi à ne pas «confondre rationalisme et raison. Ce qui est en cause, c’est plutôt le rationalisme : un culte de la raison qui place sur un piédestal une forme spécifique et restreinte de la raison tout en dévalorisant par contraste la sphère antagoniste de la nature et de corporéité». Val Plumwood a été confrontée à sa propre corporéité quand un crocodile l’a attaquée en 1985. Une expérience qui a brutalement rappelé la réalité du lien entre les humains et la nature à la philosophe. La pensée de cette figure de l’écoféminisme propose de bien comprendre les causes de l’effondrement de la biodiversité et du changement climatique pour ne pas se tromper sur les réponses à apporter.

D’abord, bien identifier les coupables. Ici «un