Ils s’entendent comme larrons en foire. Ils se font la nique et se coupent la chique. Ils vont par deux, envieux et scandaleux, cochers sadiques fouettant l’ennui tranquille et la routine pot-au-feu. Eros et Thanatos forment un couple indissociable même si leur union tumultueuse est une donnée souvent corrigée par les variations saisonnières. Béni par Empédocle, Freud et autres sacripants de l’inconscient, leur mariage tient de l’algarade, tant la vie et la mort, la volonté et le néant, la convoitise et la désolation s’y opposent fatalement. Trois histoires récemment pêchées dans le flux de l’actualité racontent le désir et sa plasticité de mauvais aloi. Quand fermentent les envies, il garde sa part du diable, strict inverse de cette part des anges qui se volatilise en gaz apaisant. A l’heure où le séparatisme menace les sexes et où un moralisme gentillet tente d’imposer sa norme, ces récits prouvent qu’on est encore loin de la fossilisation des attentes, de la coercition des pulsions et de la cryogénisation des ardeurs.
Le gigolo et l’avocat. Le premier est jeune, attirant et parfaitement vénal. Le second est vieux, disgracieux et talentueux. Alexandre Despallières aurait voulu être chanteur de charme. Il sera arnaqueur d’ampleur, escroc des cœurs et sans doute aussi empoisonneur de ses proches, même s’il est mort avant que la justice ne tranche. Oliv