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Entretien

Laurence Joseph : «L’orgasme nous invite à rester silencieux»

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Du ghosting à l’absence de mots dans le sexe, en passant par la mélancolie des taiseux : dans un livre à paraître, la psychanalyste et psychologue clinicienne examine tous nos silences, ceux à briser comme ceux à entretenir.
Le silence, soit on le choisit et on le chérit, soit on le subit, et il nous désorganise. On perd ce miroir qu’est l’autre. (André Derainne/Libération)
publié le 1er mars 2025 à 8h03

Dans une période où de nombreux récits, plus ou moins littéraires, mettent fin à l’omerta familiale ; où des procès sur les violences sexistes et sexuelles donnent un coup d’arrêt à une surdité, un aveuglement, un déni collectif opposé à des délits et à des crimes, le silence serait le mal absolu, la pratique à abattre. Il a pourtant des qualités, y compris éthiques. Laurence Joseph consacre à cette notion et à sa complexité un essai intitulé Nos Silences : apprendre à les écouter (Autrement, en librairie le 5 mars).

Elle y aborde toutes les déclinaisons du terme, en dehors du silence de la nature. Elle distingue nos silences intimes et choisis, faute de mieux, des silences résultant d’un tabou, de l’intimidation, de la honte, de la peur. Bien qu’elle soit psychanalyste, en particulier pour enfants et adolescents, l’autrice n’écrit pas ce texte depuis cette position-là, même s’il est traversé par des références et une grille de lecture psychanalytiques. De quoi sortir enfin les silences du silence.

Vous faites, en quelque sorte, l’éloge du silence. N’est-il pas néanmoins essentiel à la psychanalyse ; il a même contribué à sa naissance…

En effet, même si Freud, dans ses premières séances était très présent par la parole auprès de ses patients. Jusqu’au jour où l’une de ses patientes lui a dit : «Laissez-moi la priorité de la parole.» A ce moment-là, il s’est rendu compte que l’élaboration dans le silence était fondamentale dans la psychanalyse. Grâce au sile