Ma chère Corse,
Je ne pensais pas te voir réapparaître face aux flics de la République, rajeunie et mordante, vociférante et insultante, traitant l’Etat français d’assassin. Le drame ukrainien aurait dû monopoliser l’attention générale, mais ta pugnacité sait comment se frayer une trouée dans l’actualité sanglante et faire exploser les bombes agricoles identitaires pour que se dressent les cils et que se froncent les sourcils.
Ma chère Corse girondine, je reconnais que je t’avais un peu oubliée. J’avais l’impression que les armes déposées par le FLNC voici un moment et les victoires des autonomistes aux élections avaient pacifié les débats. J’ajoute que la bonne mine de Gilles Simeoni, le président du conseil exécutif, son sourire engageant, son verbe maîtrisé, sa prestance intelligente nous changeaient des accommodements roués des chefs de clan en costume trois pièces et des menaces patibulaires de la soldatesque politico-maffieuse en tenue de camouflage. Je n’avais pas trop prêté attention aux promesses décentralisatrices d’Emmanuel Macron en 2017, balayées en 2018 par une juste et rude réaffirmation jacobine lors d’un hommage au préfet Erignac abattu vingt ans plus tôt. Souvent le marcheur varie et se lance dans un entrelacs valseur qui vaut croche-pied pragmatique à sa chorégraphie théorique.