Ma fascination pour Mitterrand, séducteur secret et amoureux persévérant, embrouilleur romantique et libertin fleur bleue, s’était éteinte devant son cercueil. A Jarnac, en janvier 1996, Danielle avait étreint Mazarine, réconciliant la France des familles recomposées, des lits défaits et des séparations indélicates. Tout finissait bien, en une catharsis sociétale et une modernisation des mœurs qui faisaient un peu oublier la révolution sociale noyée dans l’Europe libérale. Et puis, tout ce fatras déballé commençait à me fatiguer, qui pouvait cacher des attachements prosaïques comme des emballements véridiques, journaliste suédoise par ci, enfant caché par là. Je saturais de ce corps du roi disséqué, aux abatis numérotés, entre biopsie des affects et scanner des roueries. Les oreilles me chauffaient de ces casseroles tintinnabulantes qu’on accrochait aux cordons du poêle et de ce tintamarre de fantasmes qui résonnait au creux des grands cimetières sous la lune.
1) Pour l’alliance des contraires
Mais je dois avouer que la tardive révélation par Solenn de Royer, dans un récit intitulé le Dernier Secret, de l’ultime liaison du vieux monarque républicain est assez sidérante et parait presque irréelle, comme surgie d’un espace-temps à jamais disparu. Le Président a alors 72 ans. La jeune femme, 22 ans. Ils vont s’aimer le temps du second septennat. La figure de gauche lettrée, impavide et exténuée fascine l’étudiante, issue d’une bourgeoisie provinciale de droite. Elle