Géographe, auteur notamment avec l’économiste Frédéric Gilli du petit atlas 50 Cartes à voir avant d’aller voter (Autrement, 2022), Aurélien Delpirou esquisse la géographie électorale du Rassemblement national (RN), au lendemain du scrutin européen. L’exercice est difficile à chaud car il ne permet pas d’aller dans le détail des divisions territoriales à l’échelle d’une ville, par exemple. Mais un constat s’impose : celui de l’ancrage du parti d’extrême droite dans tout le pays.
La carte du candidat en tête dans chaque commune montre une France presque totalement noyée par la vague brune. Cette impression n’est-elle pas trompeuse ?
Cette carte, reflet de la fragmentation communale propre à la France, présente de nombreux biais. Tout d’abord, elle met sur le même plan des villages de quelques dizaines d’habitants et de grandes métropoles comme Marseille, Lille ou Bordeaux. La superficie très inégale des communes est également trompeuse : dans les régions de montagne, certaines communes sont immenses mais très peu peuplées, avec seulement quelques dizaines d’électeurs. Enfin, l’abstention (un électeur sur deux !) et les rapports de force entre listes n’apparaissent pas dans cette représentation.
Cela étant dit, la carte montre une dynamique incontestable : la tendance à l’ubiquité territoriale du vote RN, qui progresse partout en France en nombre de suffrages exprimés. Le parti de Marine Le Pen a incon