Quid de la crise climatique dans cette campagne ? Qui est le plus écolo des candidats aux européennes ? Alors que la montée de l’extrême droite et la question de la défense européenne face à la menace russe occupent le devant de la scène, un constat s’impose à moins d’un mois du scrutin du 9 juin : les enjeux environnementaux se trouvent relégués à l’arrière-plan de la bataille des européennes. Ils engagent l’avenir de notre continent, en proie à des événements extrêmes liés au dérèglement climatique. Une préoccupation que nous partageons avec le collectif militant Scientifiques en rébellion. «Un très grand nombre de questions climatiques et écologiques sont de l’ordre de la compétence de l’Union européenne, concernent les candidats aux élections, et pourtant on n’a pas l’impression que ces sujets, d’une importance capitale à nos yeux, aient un traitement à la hauteur politiquement ou médiatiquement», relève un membre de ce groupe informel. Certes les quelque 500 chercheurs de tous poils qui le constituent ont décidé de passer à la désobéissance civile pour lutter contre l’inaction des autorités politiques. Mais ces experts, dont certains conservent l’anonymat lors de leurs actions de terrain, entendent également faire œuvre de pédagogie.
Après avoir organisé dans plusieurs villes de France cet automne des réunions alternatives lors de la dernière COP à Dubaï en décembre, trois membres du groupe, la physicienne Léa Bonnefoy, la généticienne Stéphanie Mariette et l’écologue Florence Volaire nous ont sollicités avec un projet : intervenir dans les pages Idées de Libération en traitant cinq thèmes où l’action des futurs eurodéputés pourrait s’avérer décisive.
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Après un premier épisode consacré au sujet des pesticides, ce sera le tour des transports, des produits chimiques (notamment les PFAS et le protocole Reach pour réduire leur présence dans l’environnement), de la pêche et enfin des énergies. «On a deux préoccupations majeures dans notre collectif, c’est le dérèglement climatique et l’érosion de la biodiversité, précise Florence Volaire, de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae). Et nous voulons montrer en quoi ils ont un impact sur la santé du vivant et des humains en particulier. Mais en partant d’un constat scientifique neutre.»
Pour chacun des thèmes, plusieurs formats s’entremêlent : un état des lieux de la recherche scientifique, une série de questions précises permettant de passer au crible les programmes des différents partis. «Il y a toujours beaucoup de confusion dans l’espace public sur les questions environnementales, des fausses controverses, des chiffres manipulés, c’est le rôle des scientifiques d’éclairer d’une certaine manière et d’apporter les éléments robustes, sourcés et vérifiés, pour se faire une idée de la situation avant d’aller voter», poursuit le biochimiste Jérôme Santolini.
Enfin, un quiz est proposé pour tester ses propres connaissances sur le sujet. «Les crises climatiques ne doivent pas être anxiogènes, crise ça veut dire choisir ; ça vient du grec, c’est le moment de bascule, la décision qui va empirer ou améliorer la situation, rappelle le chercheur. Cette crise, soit on accepte de la subir, soit on s’en saisit. Ça peut être une force, une forme de stimulation de se dire : je vais agir pour ma santé, pour le monde dans lequel vont grandir mes enfants. La clé, c’est l’empowerment, il faut essayer de dédramatiser des choses qui en première lecture semblent dramatiques.» Alors que le catastrophisme peut entraîner déni, inaction et fatalisme, les Scientifiques en rébellion souhaitent offrir les moyens d’agir en écocitoyen éclairé avant de rendre aux urnes.