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Interview

Eva Illouz : «Les nationalistes proposent des récits qui donnent une cohérence au malaise»

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Dans un essai qui étudie la société israélienne comme cas d’école du populisme contemporain, la sociologue analyse au prisme des émotions l’adhésion viscérale que suscitent certains dirigeants, même quand ils vont contre les intérêts de leur électorat populaire.
La sociologue franco-israélienne Eva Illouz, à Jérusalem, en 2020. (Emmanuel Dunand/AFP)
publié le 5 novembre 2022 à 10h30

Sociologue franco-israélienne, Eva Illouz poursuit son analyse de la société contemporaine à travers les émotions. Après la Fin de l’amour (Seuil, 2020) et Happycratie (Premier Parallèle, 2018), elle publie les Emotions contre la démocratie (Premier Parallèle), où elle tente de comprendre le succès des populistes nationalistes, notamment auprès des classes populaires, en dépit de politiques qui leur sont objectivement défavorables. Selon la directrice d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), qui prend la société israélienne pour terrain d’étude, les grands récits populistes s’articulent autour de quatre émotions : la peur, le dégoût, le ressentiment et l’amour de la patrie. Des sentiments attisés et instrumentalisés par des leaders politiques hostiles aux principes démocratiques.

Que vous inspire la victoire de l’ancien Premier ministre Benyamin Nétanyahou aux élections législatives israéliennes ?

Avec 32 sièges pour son parti, le Likoud, 18 pour les partis ultra-orthod