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TRIBUNE

Faire de la Corse une avant-garde territoriale en Méditerranée

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Méditerranéedossier
L’île mérite plus que quelques retouches à son statut actuel, si l’on veut la sortir du «tout-tourisme». L’éducation et l’économie, notamment, doivent être régies au plus près par ses élus, prêts à inventer avec Paris de nouveaux possibles, estime le sociologue Jean-Louis Fabiani, après la visite d’Emmanuel Macron le 28 septembre.
Dans la région de Patrimonio au soleil couchant, en Haute Corse, en avril 2023. (Raphaël Poletti)
par Jean-Louis Fabiani, sociologue, professeur à Central European University (Vienne), directeur régional des affaires culturelles de Corse de 1988 à 1991
publié le 29 septembre 2023 à 12h27

Le président Macron avait mis les formes jeudi 28 septembre à l’Assemblée de Corse : parlant d’un ton grave et plus sobre qu’à l’accoutumée, il voulait sans doute effacer quelques mauvais souvenirs que les élus locaux gardaient de rencontres précédentes. En février 2018, 70 élus nationalistes avaient été fouillés sans ménagement avant la rencontre et avaient boycotté le déjeuner à la préfecture de Bastia. Le sommet de l’Etat semblait être la proie d’un blocage psychologique et ne pas pouvoir dépasser le moment tragique de l’assassinat du préfet Erignac. Il semblait dans l’incapacité de proposer une avancée politique.

C’est le soulèvement de la jeunesse corse en mars 2022 à l’occasion de l’assassinat d’Yvan Colonna dans la prison où il purgeait une longue peine pour l’assassinat du préfet (jamais reconnu par lui) qui a paradoxalement imposé le retour de la discussion, car cette effervescence spontanée et inorganisée, que les franges les plus radicales du nationalisme ont tentée, sans vrai succès, de récupé