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Identités

Fatima Daas : «C’est par la honte que je suis entrée en écriture»

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L’écrivaine de 26 ans revient sur le succès de son premier roman «la Petite Dernière», récit d’une quête d’identité adolescente. Elle revendique le fait de n’entrer dans aucune case, de ne pas choisir entre lesbienne ou musulmane et tacle Emmanuel Macron sur l’intersectionnalité.
Fatima Daas en 2020 à Paris. (Rémy Artiges)
publié le 22 juillet 2021 à 8h06

Elle est Fatima Daas. Clichoise, lesbienne, asthmatique, d’origine algérienne, musulmane, amatrice de grosses bagues en argent qui recouvrent ses doigts et de vestes de jogging. Elle est tout ça à la fois, on en a sûrement oublié en cours de route. Quand son premier roman, la Petite Dernière (éd. Noir sur Blanc) sort l’année passée, c’est un succès fou (30 000 exemplaires et six traductions en cours) mais aussi l’emballement médiatique et les clichés qui vont avec : son livre sera avant tout l’histoire torturée d’une lesbienne musulmane. Mais pour la jeune autrice de 26 ans, c’est tout le contraire : un roman qui dit la quête d’identité adolescente, universelle. Qui dit que l’identité est multiple, qu’elle n’est pas que revendiquée ou choisie, mais aussi tue et subie. Un discours très politique, à l’heure ou l’identité doit être unique - française, nationale - pour ne pas être fracturante ou séparatiste. Alors cet été, pour faire résonner des voix différentes, elle anime une émission sur France Inter, Ces paroles invisibles, dans laquelle elle tend le micro à toutes celles et ceux qui, comme elle, ont besoin de se faire entendre pour exister.

Comment avez-vous vécu le succès de votre premier roman ?

Cela fait un an que le livre est sorti, et j’ai l’impression d’avoir vécu plein de vies. La médiatisation a été assez brutale, un plongeon dans l’eau froide. Les médias ont rendu visible mon travail et, en même temps, une partie de celui-ci s’est perdue.