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TRIBUNE

Tenter de redevenir humains, par Sélim Nassib

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Guerre au Proche-Orientdossier
L’écrivain libanais déplore l’engrenage mortifère en cours, motivé par une logique de haine et de vengeance illimitée. En revenant sur l’histoire de ce conflit complexe, il tente de voir au-delà de ceux qui, à Tel-Aviv comme à Gaza, font tout pour empêcher la paix.
A gauche : dans une maison du kibboutz israélien Kfar Aza, le 14 octobre, une semaine après avoir été visé par le Hamas. A droite : vue aérienne du camp de réfugiés Jabalia, dans la bande de Gaza, après avoir été touché par des tirs israéliens, le 1er novembre. (William Kéo.Magnum.Libération/Satellite image ©2023 Maxar)
publié le 5 novembre 2023 à 11h00

Quelle est cette cécité ? Beaucoup de pro-palestiniens n’ont tout simplement pas vu les atrocités infâmes commises par le Hamas le 7 octobre. Et s’ils les ont vues, ils se sont souvent dit que ce sont l’occupation et le verrouillage insensé de la bande de Gaza qui ont transformé les assaillants en bêtes fauves. En miroir, beaucoup de pro-israéliens ne voient tout simplement pas les images des enfants et des bébés sortis morts ou vivants des décombres du camp de réfugiés de Jabalia, le plus grand de Gaza. Et s’ils les voient, ils se disent que ces Palestiniens meurent par la faute des «animaux» qui les gouvernent et les utilisent comme boucliers humains – et non de Tsahal, «l’armée la plus morale du monde».

Et le compteur macabre continue de tourner, heure après heure, alimentant un engrenage mortifère inarrêtable qui menace de déboucher sur une guerre régionale – sinon mondiale. C’est ce qu’en anglais, on appelle a perfect storm, une «tempête parfaite» – qui nous menace tous.

Il serait futile de renvoyer ici dos à dos les massacreurs des deux bords. Il s’agit plutôt d’essayer de briser l’espèce de rideau de fer mental tombé sur les esprits, un rideau qui les empêche de voir, comprendre, compatir… Redevenir humains, en un mot. Le pari semble désespéré tant la