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Entretien

Francis Dupuis-Déri : «Pour un homme, prendre le parti des femmes vous expose à perdre des amis, des camarades, des collègues» 

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«Ce que le féminisme m’a fait» 6/6. Le professeur de sciences politiques ausculte les hommes qui se disent féministes. S’ils sont de plus en plus nombreux à soutenir le mouvement, la plupart ne vont pas jusqu’au conflit avec leurs réseaux masculins, n’offrant qu’un engagement de façade.
(Julien Langendorff/Libération)
publié le 9 août 2024 à 16h30

Sur la photo de famille du post-#MeToo, beaucoup d’hommes ne savent parfois plus où se mettre. Devant, à côté, au second plan ? Ou carrément s’effacer ? Hommes et femmes seraient-ils devenus des adversaires, ou faut-il tenter de s’allier, et si oui, comment ? En s’inspirant du livre de la journaliste Giulia Foïs, Ce que le féminisme m’a fait, Libé donne la parole à ces hommes, écrivains, artistes, hommes politiques, hétéros ou homosexuels, qui racontent comment ils vivent leur nouveau rapport à la masculinité et au féminisme.

Francis Dupuis-Déri connaît par cœur les gros machos, qu’il appelle dans ses cours et ses articles universitaires les «antiféministes» ou les «masculinistes». Dans son livre les Hommes et le Féminisme : faux amis, poseurs ou alliés ? (éditions Textuel, 2023), le professeur de sciences politiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) s’intéresse à tous les autres, ceux qui se déclarent féministes.

Quelle est la proportion d’hommes se considérant comme «féministes» ?

Elle est de 40 %, selon des sondages. On trouve le même nombre d’hommes qui se déclarent féministes aux Etats-Unis, au Canada et en France. C’est une progression : au Canada, ils n’étaient que 28 % en 2001. Attention, dire qu’on est féministe au téléphone ne dit rien sur nos pratiques au quotidien. Les femmes, en particulier les plus jeunes, se déclarent de plus en plus féministes, avec un total de 70 % en France, contre environ 50 % en 2016. L’idé