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Essai

François Bégaudeau et le féminisme, c’est quoi le problème ?

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Le romancier publie «Comme une mule», un livre inspiré de son procès contre l’historienne Ludivine Bantigny après des propos «sexistes» tenus à son égard sur son site en 2020. Et critique ce qu’il appelle un «féminisme moral».
François Bégaudeau, à Paris, en 2023. (jean-luc bertini/Pasco)
publié le 2 octobre 2024 à 16h00

«Et l’abbé Pierre, on en pense quoi ici ?» lance un certain «essais fragiles» sur le forum de françoisbegaudeau.fr. «Vous dites quoi ? Un mythe qui s’effondre… Purée, il a bien dû niquer, le cochon… Il faut distinguer l’homme de l’œuvre, etc.» Réponse d’un prénommé SHB : «C’est un non-débat, c’est comme pour Michael Jackson, les mecs sont morts en + donc bon.» Plus loin, on trouve Delphine pour écrire : «A voir si le changement de nom de la fondation apaisera les choses. Certaines personnes ne feront plus de dons en raison de ce changement de dénomination, parce que le lien avec l’abbé Pierre, sorte de figure symbolique, disparaîtra.» Quand soudain apparaît le maître des lieux, François Bégaudeau himself : «Oui, par exemple, beaucoup de prédateurs sexuels ne donneront plus à Emmaüs si l’association n’est plus liée à leur figure de proue l’abbé Pierre.» On rigole bien sur la page web du romancier où l’on discute librement entre bégaudeaunautes du déboulonnage tardif du prêtre français comme des transfuges de classe ou de la situation en Palestine.

Comme sur tout café du commerce en ligne qui se respecte, parfois l’échange dérape. Ainsi, ce 20 mai 2020, lorsque l’essayiste de gauche radicale commet une phrase qui l’enverra devant le tribunal correctionnel : «Dans le milieu radical parisien, Ludivine [Ban