François Héran a écrit son nouveau livre Immigration. Le grand déni (Seuil) dans l’urgence. Une réaction presque épidermique au retour inopiné du thème de l’immigration dans le débat public. «On avait tellement d’autres choses en tête, le climat, la guerre en Ukraine… Ce n’était absolument pas le premier des sujets dans les sondages», commente le titulaire de la chaire migrations et sociétés au Collège de France. Dans un contexte marqué par les crispations identitaires de la droite et de l’extrême droite sur le sujet et à quelques semaines du projet de loi immigration présenté par Gérald Darmanin, le sociologue et démographe de 70 ans assume : ce livre est une tentative de remettre les choses à plat. Il est écrit à destination des responsables politiques qui multiplient, selon lui, les contre-vérités.
Comment expliquez-vous l’obsession pour l’immigration, de la droite à l’extrême droite ?
C’est une obsession récurrente depuis deux siècles. Par temps de crise, l’autre est de trop. De nos jours, pourtant, les immigrés ne sont pour rien dans le dérèglement climatique, la crise énergétique, la guerre en Ukraine, l’inflation, mais il se trouve toujours des marchands de peur pour raviver cette vieille hantise. Avec des variantes. Eric Zemmour était totalement convaincu, et c’était