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Interview

Frédéric Grimaud : «On fragilise les enseignants, donc ils ont plus tendance à accepter des formes de subordination»

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Dans «Enseignants, les nouveaux prolétaires», le docteur en sciences de l’éducation démontre le lien entre le nouveau management public et l’affaiblissement social du métier de professeur.
Une manifestation des enseignants de Seine-Saint-Denis pour réclamer l'abandon des groupes de niveau au collège à Paris le 2 avril. (Ava du Parc/Libération)
publié le 1er septembre 2024 à 12h00

La rentrée des classes est un temps fort pour l’éducation nationale mais les évolutions s’y s’opèrent souvent à bas bruit. Un changement dans le statut des directeurs par-ci. Un moindre pouvoir des syndicats sur les carrières par-là. A chaque fois, une poignée d’enseignants et de syndicalistes s’insurge, tente de résister, mais l’opinion y prête peu d’attention. Trop technique, pas assez spectaculaire. Dans Enseignants, les nouveaux prolétaires : le taylorisme à l’école (ESF Sciences humaines), Frédéric Grimaud, docteur en sciences de l’éducation et professeur des écoles, montre avec brio comment, petit à petit, le métier de professeur se transforme, résultat notamment d’une casse du collectif et d’une inflation de réformes et d’injonctions. A quelques jours de la rentrée scolaire et en pleine incertitude politique, il revient sur ce délitement de la fonction.

En quoi les enseignants sont-ils en cours de prolétarisation ?

Ce qui signe la prolétarisation, c’est la grande subordination à la tâche. De plus en plus, les outils sont imposés aux enseignants et le travail est très prescrit. Il y a une perte de l’expertise professionnelle. La deuxième étape, c’est l’arrivée du nouveau management public, autrement dit l’importation dans la fonction publique des normes de travail du secteur