La rentrée des classes est un temps fort pour l’éducation nationale mais les évolutions s’y s’opèrent souvent à bas bruit. Un changement dans le statut des directeurs par-ci. Un moindre pouvoir des syndicats sur les carrières par-là. A chaque fois, une poignée d’enseignants et de syndicalistes s’insurge, tente de résister, mais l’opinion y prête peu d’attention. Trop technique, pas assez spectaculaire. Dans Enseignants, les nouveaux prolétaires : le taylorisme à l’école (ESF Sciences humaines), Frédéric Grimaud, docteur en sciences de l’éducation et professeur des écoles, montre avec brio comment, petit à petit, le métier de professeur se transforme, résultat notamment d’une casse du collectif et d’une inflation de réformes et d’injonctions. A quelques jours de la rentrée scolaire et en pleine incertitude politique, il revient sur ce délitement de la fonction.
En quoi les enseignants sont-ils en cours de prolétarisation ?
Ce qui signe la prolétarisation, c’est la grande subordination à la tâche. De plus en plus, les outils sont imposés aux enseignants et le travail est très prescrit. Il y a une perte de l’expertise professionnelle. La deuxième étape, c’est l’arrivée du nouveau management public, autrement dit l’importation dans la fonction publique des normes de travail du secteur