Il y a bien une chose sur laquelle on ne va pas s’écharper : la guerre est scandaleuse, intolérable, elle nuit au progrès et empêche la prospérité. Elle n’a pourtant jamais disparu de l’horizon, prenant depuis la Seconde Guerre mondiale des formes diverses : actes terroristes, factions, génocides, jusqu’à revenir, il y a un an, en Ukraine, dans une configuration plus classique, celle de deux armées en uniforme qui se font face.
Chez les philosophes, il y a des projets de paix, si possible perpétuelle. Dans le monde politique, il y a des organisations internationales pour la garantir. Et chez les militaires, des opérations pour tenter de la maintenir. Mais alors pourquoi la guerre, toujours, tout le temps ? C’est la question vertigineuse que pose le philosophe Frédéric Gros sur la couverture de son dernier livre. Refusant de la voir comme une chose profondément attachée à la nature humaine – réponse aussi immédiate que naïve à la question –, le professeur à Sciences-Po cherche des réponses du côté des désirs humains (individuels ou collectifs) qui entraînent nécessairement des rapports de violence avec l’autre. Et rappelle que, longtemps, elle a été considérée comme un moyen normal, codifié, de régler un conflit.
Il y a un an, quand la Russie a agressé l’Ukraine, on a parlé du