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TRIBUNE

Futur gouvernement : les femmes ne doivent pas passer à la trappe !

Les inégalités subies par les femmes, universelles, représentent un enjeu transpartisan et doivent être au cœur du projet gouvernemental, rappelle Anne-Cécile Mailfert, la présidente de la Fondation des femmes.
Manifestation contre l'extrême droite organisée par le collectif Alertes féministes, à Paris, le 23 juin 2024. (Quentin de Groeve/Hans Lucas via AFP)
par Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes
publié le 11 juillet 2024 à 12h21

L’Assemblée Nationale vient d’être élue et elle est à l’image de cette campagne anticipée : les femmes passent à la trappe. Le prochain gouvernement doit redresser la barre ! L’objectif de parité (jamais atteint) s’éloigne. Alors que le nombre de femmes était jusque-là en croissance constante, l’Assemblée perd sept députées. Durant ces quelques semaines de campagne, les femmes ont été évincées des grands débats télévisés, comme elles l’ont été des programmes. Quelques lignes à peine.

Pourtant, le vote des femmes a été un enjeu majeur de cette élection. Seul le Rassemblement National, en soignant sa communication à leur égard, semble s’en être rendu compte. La hausse inédite du vote des femmes pour l’extrême droite explique aussi sa progression à l’Assemblée.

Ce sont toutefois les féministes qui, rassemblées, ont organisé la grande manifestation de la société civile dimanche 23 juin pour dénoncer l’imposture féministe du Rassemblement national, rassemblant 100 000 personnes à Paris et dans 50 villes de France. Quelle grave erreur ce serait de ne pas considérer les femmes aujourd’hui, alors que des négociations sont en cours pour former un gouvernement dans ce contexte inédit ! Car non seulement l’égalité femmes-hommes mobilise, mais elle rassemble, parfois au-delà des clivages partisans. Elle fait écho à l’urgence de prendre soin des plus vulnérables et de la planète et se conjugue à la lutte contre toutes les discriminations et tous les racismes.

La pauvreté des femmes seules avec enfant, des femmes retraitées ou travailleuses précaires est une réalité qui dépasse les fractures territoriales, aussi présentes en banlieue qu’en territoire rural ou périurbain. Les violences sont, elles, la réalité de toutes les femmes, quelle que soit leur origine ou leur milieu social. Les violences faites aux femmes et les féminicides restent une préoccupation majeure à laquelle notre justice n’a toujours pas su répondre : en 2020, 94 % des plaintes pour viols étaient classées sans suite, souvent sans qu’aucune enquête n’ait pu être menée. Ces violences touchent une femme sur trois, mais les moyens sont bien maigres pour la sensibilisation, la prévention et tous les dispositifs de protection des violences machistes.

Plus que jamais, le prochain gouvernement doit mettre l’égalité femmes-hommes au cœur de son projet. Le caractère universel des inégalités subies par les femmes en fait un enjeu transpartisan qui pourrait permettre des avancées notables : loi intégrale contre les violences sexuelles, loi sur l’émancipation économique des femmes, budget décent contre les violences… Nous avons empêché le pire en 2024. Mais pour 2027, l’extrême droite est en embuscade. Nous ne pouvons pas les laisser tromper les femmes.

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