Un des épisodes les plus subversifs de la Bible concerne un personnage qui n’a droit qu’à 25 mots, et qui fascina nombre d’auteurs, de Shakespeare à Margaret Atwood. Nous sommes en l’an 1000 avant Jésus-Christ et la guerre éclate entre la maison du roi Saül et celle du futur roi David. Saül, qui avait promis sa fille Michal à David, rompt sa promesse et la marie à un autre, dont nous ne connaissons pratiquement que le nom, Palthiel. Palthiel n’a pas le temps de rentrer chez lui avec son épouse qu’un coup de théâtre politique oblige Saul à s’allier avec son ancien adversaire. David demande en garantie la main de Michal, et le futur royaume d’Israël ne tient maintenant qu’à une chose, réalisée par le chef des armées de Saül, Abner, en trois temps trois mouvements :
«Il la fit prendre chez son mari Palthiel, fils de Laïsch. Et son mari la suivit en pleurant jusqu’à Bachurim. Alors Abner lui dit : “Va, retourne-t’en !” Et il s’en retourna.»
Un rôle fugace, pion dans une histoire qui le dépassait de beaucoup
Nous n’entendrons plus jamais parler de Palthiel, et nombre de talmudistes furent bien en peine d’expliquer quel besoin avait l’auteur biblique de nommer ce pauvre homme et de décrire son humiliation. Comment expliquer aux lecteurs son rôle fugace, pion dans une histoire qui le dépassait de beaucoup ? Les réformistes nous expliqueront plus tard que Palthiel a perdu son honneur, mais l’a regagné aussitôt car pendant son bref instant d’existence, il a contribué à bouleverser notre perception du monde.
Prenant la parole depuis le perron de M