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TRIBUNE

Guerre à Gaza: entre Israéliens, nous ne parlons plus la même langue, par Etgar Keret

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Quand il brandit, lors d’une veillée à Tel-Aviv, la photo d’un enfant palestinien tué par l’armée israélienne, l’écrivain provoque l’incompréhension de l’un de ses compatriotes.
Lors d’une manifestation contre les activités de la Fondation humanitaire de Gaza, organisation controversée, le 12 août 2025 à Tel Aviv. (Eyal Warshavsky/Eyal Warshavsky / SOPA/SIPA)
par Etgar Keret, Ecrivain
publié le 22 août 2025 à 16h09

La plupart des samedis soir, ma femme et moi, nous nous joignons à une veillée silencieuse à Tel-Aviv, où chaque participant tient la photo d’un enfant gazaoui tué lors des récentes attaques des forces de défense israéliennes. Il y en a beaucoup. Nous restons debout pendant une heure.

Certains passants s’arrêtent pour regarder les photos et lire les noms des enfants ; d’autres lancent un juron et continuent à marcher. Etrangement, contrairement aux nombreuses manifestations antigouvernementales auxquelles j’assiste, où je me sens un peu inutile, je me sens utile à cette veillée. Ce n’est pas grand-chose, mais je crée une rencontre entre un enfant mort et le regard d’une personne qui ignorait l’existence de cet enfant.

Ce samedi-là, la veillée était plus chargée que d’habitude. Le Hamas venait de publier une vidéo monstrueuse montrant