Né à Gaza mais actuellement installé à Ramallah, le sociologue Abaher el-Sakka, professeur à l’Université de Bir Zeit, ausculte les mobilisations contestataires palestiniennes, formées à ses yeux sous le poids d’une situation coloniale et face à une Autorité palestinienne impopulaire. Eloignée d’un engagement politique classique discrédité, la jeunesse se tourne vers la lutte armée, et de petits groupes autonomes mêlant idéologies nationale, religieuse et de combat.
A titre personnel, comment vivez-vous l’intensification du conflit, vous, qui êtes originaire de Gaza ?
J’ai perdu des amis d’enfance, des voisins, des connaissances, mais aussi une partie de ma mémoire. Les endroits où j’ai passé mon enfance, mon école, l’église et la mosquée devant lesquels je passais tous les jours, ont disparu, tout comme les habitations de membres de ma famille. Personne n’est épargné. En Cisjordanie, la situation s’est dégradée avec la multiplication des checkpoints la plus forte depuis 1967, et une Autorité palestinienne hors-jeu qui ne laisse pas la population s’exprimer. J’éprouve un sentiment d’injustice, d’impuissance et de déception à l’égard de la communauté internationale dont le deux poids deux mesure