«Que dirait Hannah Arendt aujourd’hui ?». Cette question, Linda Zerilli se la pose souvent. Et pour cause, cette professeure de science politique à l’université de Chicago, spécialiste du genre et des théories de la démocratie, a beaucoup utilisé la philosophe allemande (1906-1975) pour travailler un sujet non approfondi dans l’œuvre de celle-ci : le féminisme.
La philosophe italienne Simona Forti, qui s’est notamment intéressée aux notions de totalitarisme et de pouvoir chez Hannah Arendt, est travaillée par la même question. Ce qui la trouble, ce sont tous ces «fantômes [qui] sont de retour : la guerre au cœur de l’Europe, les personnes déplacées, la menace d’une catastrophe nucléaire, le retour du nationalisme». Pourraient s’ajouter les poussées de racisme et d’antisémitisme, le conflit au Proche-Orient ou la crise des démocraties, pour dessiner un contexte où les sujets d’inquiétude ressemblent, toutes choses égales par ailleurs, à ceux de l’époque d’Arendt.
De quoi motiver une expérience : voir comment l’œuvre d’Arendt, marquée notamment par les Origines du totalitarisme, Condition de l’homme moderne, ou le plus controversé Eichmann à Jérusalem (parce que la philosophe y explore la thématique de la «banalité du mal» à propos du procès d’un responsable de la Shoah), peut aider à analyser le monde contemporain. Tenté