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TRIBUNE

Guerre Hamas-Israël : si nous lâchons prise, nous serons engloutis, par Ron Leshem

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Pour surmonter l’horreur et renouer le dialogue, il revient aux créateurs, israéliens et palestiniens, de continuer à croire en l’art, source de narration et porteur de vérité, estime le scénariste et producteur israélien Ron Leshem.
A Sderot, le 17 octobre 2023. (Amir Cohen /REUTERS)
par Ron Leshem, scénariste et producteur israélien
publié le 20 octobre 2023 à 19h20

Je fais partie d’une famille dont les vies ont été dévouées à l’indépendance palestinienne et contre la droite israélienne. Parmi les 1 300 personnes tuées en quelques courtes heures un samedi matin, se trouvaient mon oncle et ma tante. Ils ont été brûlés vifs. J’ai des proches parmi les captifs. Les membres de ma famille qui ont survécu ont vu des nourrissons assassinés dans les bras de leurs mères et des mères torturées à mort devant leurs enfants.

Dans mon chagrin pour ma propre famille, pour les filles qui ont été violées puis abattues, et pour les grands-mères de 85 ans enlevées, je suis même trop faible pour crier. Je serai – je dois l’être – hanté par les bébés victimes d’une telle cruauté, d’un tel sadisme. Les terroristes ont attaché de jeunes enfants, les ont entassés et brûlés vifs. Je ne m’autoriserai jamais à me remettre de cela. Il s’agissait de la destruction organisée de villages et de communautés d’activistes pour la paix.

Les visages et les histoires de ces enfants que nous n’avons pas sauvés nous hanteront. Nous nous promettrons, ici en Israël, que nous sortirons meilleurs de ce traumatisme. Mais l’histoire nous enseigne que nous en sortirons profondément marqués, plus haineux que jamais, vengeurs, plus craintifs, conscients que personne ne viendra nous sauver lorsque nos enfants seront massacrés. Nous devrons tous lutter avec cette certitude.

Soutien naïf

En tant qu’homosexuel, j’ai demandé pendant des années à mes amis européens de gauche d’être attentifs à la nuance, d