C’est un sujet que l’on pourrait croire peu présent dans son travail, si l’on s’en tient aux titres de ses nombreux romans et essais. Mais depuis son enfance en Algérie à la fin des années 30, Hélène Cixous mène une vie tissée de liens avec les animaux. Ils sont présents dans sa vie comme dans ses textes, ainsi qu’elle l’explique dans Animal amour, un petit essai issu d’une conférence destinée au jeune public, où les questions d’enfant comme «Est-ce que le fait d’aimer les animaux vous aide à écrire ?» rythment une réflexion au croisement de la littérature et de la philosophie. Ponctué de rencontres animales, depuis son chien Fips en Algérie jusqu’aux deux chattes avec qui elle vit aujourd’hui, sans oublier (entre autres) Thessalonique, la chatte qu’elle recueillit par hasard au Théâtre du Soleil lors d’une répétition, l’ouvrage tire de ces histoires personnelles et parfois douloureuses une sorte d’éthique des relations entre humains et non humains qui fera réfléchir aussi bien les «propriétaires» d’animaux domestiques que les personnes concernées par la crise de la biodiversité, tant sont en jeu, à travers notre considération pour les animaux, notre propre liberté ou notre rapport au monde.
Vous dites dans votre livre que vous écrivez «comme un animal». Qu’est-ce que cela signifie ?
Ecrire comme un animal, c’est revenir habiter son corps de la manière la plus spontanée. Il s’agit de «faire corps», ce que nous ne savons plus toujours f