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Chronique

Hommage à Gilles Deleuze, qui ne disait pas «moi je», par Géraldine Mosna-Savoye

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Pour le centenaire de la naissance du philosophe moins lu que ses contemporains, plongeons-nous dans cette œuvre à contre-courant d’un certain individualisme contemporain.
Gilles Deleuze, à Paris, en 1986. (Gérard Uféras /Gamma. Rapho)
par Géraldine Mosna-Savoye
publié le 5 juin 2025 à 6h07

Cette année, Gilles Deleuze a le luxe posthume de fêter deux anniversaires : celui de sa naissance, il y a 100 ans le 18 janvier 1925 à Paris, et celui de sa mort, par suicide il y a 30 ans en novembre 1995, dans la même ville. En juin 2025, nous voici donc à équidistance presque parfaite entre ces deux événements pour célébrer l’œuvre d’un philosophe qui, paradoxalement à son immense succès de son vivant et contrairement à ses contemporains, je pense surtout à Michel Foucault et à Jacques Derrida, n’a hélas plus la même portée.

Bien sûr, il serait faux de dire que Deleuze n’exerce plus aucune influence et que la French Theory ne l’ait pas entraîné dans son sillon. Toutefois, qui pourrait à ce jour convoquer la déterritorialisation ou la schizo-analyse de Deleuze et de Guattari comme est brandie et/ou critiquée la déconstruction de Derrida ? Et qui pourrait s’extasier de ses analyses du pli chez Leibniz ou du concept de «corps sans organes» (CsO, s’il vous plaît) comme on évoque, à tout bout de champ, l’Histoire de la folie ou Surveiller et Punir de Foucault ?

Pop philo

Ainsi va la mode, dans les vêtements comme dans les idées, la pop philo made in Deleuze a eu ses heures de gloire, tout comme ses théories sur le cinéma et son Abécédaire,