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Libération
L'édito

Hommage aux Invalides : face à la souffrance, restaurer l’espoir

Guerre au Proche-Orientdossier
Lors d’une cérémonie émouvante dans un contexte périlleux, le chef de l’Etat a su exprimer sa solidarité aux victimes du terrorisme sans dévier de la doctrine française au Proche-Orient.
Emmanuel Macron mercredi dans la cour des Invalides. (Thibault Camus/AP)
publié le 7 février 2024 à 20h19

Alors que le nombre d’actes antisémites en France se multiplie depuis les massacres terroristes du 7 octobre, Emmanuel Macron se devait de rappeler dans un geste fort les principes républicains dont il est le garant. L’émouvante cérémonie qui s’est déroulée mercredi dans la cour de l’hôtel des Invalides à Paris, en présence notamment des familles des victimes, lui en a fourni l’occasion. Exercice hautement périlleux, le discours du chef de l’Etat a pourtant réussi l’improbable : exprimer avec force la solidarité du pays avec les victimes françaises de ces massacres tout en suivant scrupuleusement l’équilibre déclaré de la politique française au Moyen-Orient. Il a ainsi souligné qu’il ne fallait «rien céder à un antisémitisme rampant, désinhibé, ici comme là-bas, car rien ne le justifie», tout en rappelant que les destins des victimes du Hamas «ne sont pas les seuls que le déchirement du Moyen-Orient continue de broyer dans cette tornade de souffrance qu’est la guerre», ajoutant immédiatement que «toutes les vies se valent, inestimables aux yeux de la France».

Si le président de la République avait de très bonnes raisons de lier l’antisémitisme «ici et là-bas», on peut s’attarder sur la phrase la plus abondamment citée de son propos, selon laquelle l’attaque menée par le Hamas en Israël le 7 octobre est «le plus grand massacre antisémite de notre siècle». Tuant indifféremment travailleurs agricoles thaïlandais et activistes pacifiques juifs, touristes allemands et habitants franco-israéliens des kibboutz, participants ukrainiens à une rave pour la paix et travailleurs palestiniens d’Israël, les terroristes du Hamas visaient surtout à massacrer la normalité, et à annihiler par la documentation de leur cruauté toute possibilité de coexistence pacifique dans cette région du monde pour les décennies à venir. C’est maintenant à restaurer l’espoir de cette coexistence que la France doit s’atteler. L’émouvant hommage aux victimes n’en était que le premier pas.