Il a suffi d’une décision pour faire déflagration : le 2 septembre 2024, Gisèle Pelicot, qui durant dix ans a été droguée et violée par son mari qui la livrait à des inconnus, décidait de refuser le huis clos, «pour que la honte change de camp». Le procès dit des viols de Mazan allait se tenir sous les yeux du monde entier. A une centaine de kilomètres d’Avignon, dans les locaux marseillais du Centre Norbert-Elias, une unité de recherche en sciences sociales (CNRS-Aix-Marseille université), la nouvelle provoque un «chavirement». «Pour les gilets jaunes, pour Notre-Dame-des-Landes, il y avait des anthropologues derrière chaque poteau, derrière chaque arbre, et au procès de Mazan, il n’y aurait personne ?»
La réflexion, partagée, devient une évidence : «Y aller, assurément, et surtout à plusieurs.» Voilà comment quatorze anthropologues – douze femmes et deux hommes –, spécialistes en études de genre, ont décidé de se rendre, au pied levé, à Avignon, pour y mener une enquête de terrain.
Alors que la cour d’appel de Nîmes