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Interview

«Il faut continuer à faire vivre la parole du procès des viols de Mazan»

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Alors que l’un des accusés sera jugé en appel à Nîmes le 6 octobre, un ouvrage coécrit par 14 anthropologues raconte leur enquête menée lors du procès il y a un an. De la salle d’audience à la machine à café du tribunal, des manifestations féministes devant le palais de justice au ressenti des habitants d’Avignon et de Mazan, ils rendent compte de l’onde de choc provoquée par ce moment historique.

En 2024, lors de la manifestation de soutien à Gisèle Pelicot devant le tribunal, à Avignon.  (Arnold Jerocki/Libération)
ParStéphanie Harounyan
correspondante à Marseille
Publié le 02/10/2025 à 11h23

Il a suffi d’une décision pour faire déflagration : le 2 septembre 2024, Gisèle Pelicot, qui durant dix ans a été droguée et violée par son mari qui la livrait à des inconnus, décidait de refuser le huis clos, «pour que la honte change de camp». Le procès dit des viols de Mazan allait se tenir sous les yeux du monde entier. A une centaine de kilomètres d’Avignon, dans les locaux marseillais du Centre Norbert-Elias, une unité de recherche en sciences sociales (CNRS-Aix-Marseille université), la nouvelle provoque un «chavirement». «Pour les gilets jaunes, pour Notre-Dame-des-Landes, il y avait des anthropologues derrière chaque poteau, derrière chaque arbre, et au procès de Mazan, il n’y aurait personne ?»

La réflexion, partagée, devient une évidence : «Y aller, assurément, et surtout à plusieurs.» Voilà comment quatorze anthropologues – douze femmes et deux hommes –, spécialistes en études de genre, ont décidé de se rendre, au pied levé, à Avignon, pour y mener une enquête de terrain.

Alors que la cour d’appel de Nîmes