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TRIBUNE

Le 7 Octobre, un an après : il n’y a pas d’issue, mais devons-nous vraiment désespérer ? par David Grossman

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Attaques terroristes du 7 octobredossier
Pour l’écrivain israélien David Grossman, plus la solution à la frayeur et au désespoir semble inaccessible, plus il faut la rechercher.
Le mur qui entoure le village israélien de Netiv HaAsara, à 400m de la bande Gaza, où 21 personnes ont été tuées lors du 7 Octobre. (Victorine Alisse/Hors format pour Libération)
publié le 5 octobre 2024 à 15h10

Chaque fois qu’un président américain proclame à son de trompe : «Les Etats‑Unis soutiennent le droit à l’existence d’Israël», cela me fait bondir. L’intention est bonne, certes, mais peut‑on imaginer un président qui déclarerait : «Les Etats‑Unis soutiennent le droit à l’existence de la France» ? Ou celui de l’Italie, des Pays‑Bas, de l’Egypte ou de l’Inde ?

Seul Israël, de tous les pays au monde, subit cette situation absurde : il est le seul dont la «légitimité», nécessaire à une existence stable, n’est toujours pas reconnue par les autres, après soixante‑seize ans de souveraineté. Il est insupportable que ce soit le peuple presque entièrement exterminé pendant la Shoah qui vive de nouveau aujourd’hui, dans sa propre conscience et dans celle de nombreuses nations, au bord d’un tel abîme psychique.

Les slogans martelés désormais au cours de manifestations de masse, sur les campus universitaires de toute la planète et dans des éditoriaux, les mots d’ordre «A mort Israël !» ou «La Palestine de la mer [Méditerranée] au fleuve [le Jourdain] !» montrent que, du fond de cet abîme, les adversaires d’Israël ne se contentent pas de critiquer ses actions – critique parfois justifiée –, mais lui dénient le droit qu’ils reconnaissent à n’importe quel autre pays : celui d’avoir une existence pleine, incontestée et durable.

Pour nombre de peuples, de religions et d’Etats, l’existence israélienne‑juive, étrange et précaire, est soumise à conditions. Jusqu’à quel