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Libération
Liberté, égalité, sexualités

«Il y a une forme de démocratisation de l’expérimentation sexuelle, du jeu et du plaisir»

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Jamais nous n’avons eu autant de droits en matière de sexualité, observent les quatre autrices d’une «Histoire des sexualités en France». Même si les mentalités ne suivent pas forcément cette évolution qui suscite des contre-offensives conservatrices.
Le 8 novembre 1972, lors d'une manifestation du Mouvement de libération des femmes, pendant le procès de Bobigny, en soutien à Marie-Claire Chevalier, 17 ans, poursuivie pour avoir avorté apres un viol. (Francis Pelletan/SIPA)
publié le 17 décembre 2024 à 16h22

C’est un mouvement de fond, qui paraît inexorable, malgré les retours de bâton conservateurs et le procès des viols de Mazan dont le verdict tombe en fin de semaine. Une forme de décrispation générale qui, sur le temps long, fait que la sexualité est moins taboue et participe désormais aux définitions du bonheur et de la santé : il y a un droit à la sexualité épanouie. «C’est un complet renversement de valeurs et de regard, par rapport au XIXᵉ siècle», siècle rigoriste marqué par la morale et la religion, notent les trois historiennes (Sylvie Chaperon, Emmanuelle Retaillaud, Christelle Taraud) et l’anthropologue (Catherine Deschamps) qui ont rédigé une Histoire des sexualités en France (1). Mais cette histoire de «modernisation sexuelle», plutôt que révolution, est loin d’être linéaire, mue par des mouvements de balancier autant que par des avancées. Les années folles célèbrent la Garçonne et une nouvelle soif de plaisirs ; vingt ans plus tard, Vichy alourdira les sanctions pour adultère, avortement ou fait d’homosexualité. Et en 2022, les Etats-Unis remettent en cause le droit à l’avortement, une régression qui suscite des inquiétudes en France. Rencontre avec trois des autrices qui mêlent leurs spécialités pour répondre d’une seule voix.

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