Il y a des «herbes folles» à Grigny, sur les monticules au bord des chantiers qui font apparaître un centre-ville en lieu et place du terrain vague séparant les deux quartiers emblématiques de la ville, Grigny 2 et la Grande Borne. Mais n’allez pas en parler aux Grignois : la formule y est de sinistre mémoire depuis un article du Figaro publié au lendemain des attentats de janvier 2015. Après une petite journée dans la commune du terroriste Amedy Coulibaly – assassin d’une policière à Montrouge (dont une tante habitait Grigny) et de quatre clients de l’Hyper Cacher à Paris –, une journaliste «produit un article caricatural comparant les collégiens de la Grande Borne à des “herbes folles” suivant les traces du tueur local», écrivent les sociologues Fabien Truong et Gérôme Truc.
Un exemple parmi tant d’autres : certains reportages ont beau être vieux de plusieurs décennies, ils sont toujours bien présents à l’esprit des habitants de la ville. Ça, les deux chercheurs (le premier est au CNRS, l’autre enseignant à Paris-VIII et écrivain) l’ont vite compris au cours de dix ans d’enquête dans la commune de 27 000 habit