A l’écran, une cité flottant sur l’eau. Un amas de cales de pétroliers soudées les unes aux autres pour former des habitations qui abritent les rebuts de l’humanité. Pas de voix off, mais une musique electro entraînante, mi-oppressante, mi-galvanisante. En lettres blanches, les menaces qui nous attendent dans un «avenir de plus en plus complexe» : pêle-mêle, «blockchain, ordinateur quantique, transhumanisme, machine forte, nucléaire». Une autre vidéo nous présente des «bataillons low-tech» prêts à attaquer la base de lancement spatial française de Kourou. La bande-annonce du prochain Call of Duty ? Détrompez-vous. Ce que nous avons sous les yeux, c’est la présentation d’un projet du ministère des Armées, mené conjointement avec Paris-Sorbonne Université (PSL) : «la Red Team». Sous cette appellation explicitement empruntée à la guerre froide ont été réunis dix auteurs de science-fiction grâce à l’imagination desquels l’armée française espère anticiper «les menaces, les défis, les ruptures» de demain. C’est que, comme l’expliquait sur France Culture Roland Lehoucq, président du festival de science-fiction les Utopiales et coordinateur de la Red Team, la science-fiction est «un genre éminemment utile».
Au-delà de l’expression, c’est le projet même d