«Grue», «teigne», «morue», «guenon», «truie», «dinde» ou «veuve noire»… Quelle pire injure faire à une femme ? Même les mots doux sont rabaissants : «puce», «caille», «colibri» (inévitablement accompagnés du possessif affectueux «mon, ma»). Dans un opuscule fantaisiste consacré aux «55 métaphores animalières dont se sont vues affublées les femelles humaines à travers les âges», Laure Belhassen entend démontrer que les femmes ont été systématiquement déshumanisées par les hommes.
La démonstration se veut piquante et légère. Elle présente cependant le défaut de simplifier à outrance des métaphores souvent riches de sens. Dans le chapitre consacré à «chienne», par exemple, Laure Belhassen se contente de noter que l’épithète désigne «une femme sensuelle et sans moralité» et que le grec Sémonide conseille déjà, sept siècles avant Jésus-Christ, de lui «casser les dents à coups de pierre». Les citations – décontextualisées – sont censées susciter l’indignation du lecteur. Mais la stratégie est grossière, voire antinomique avec les visées féministes de l’autrice.
Plus grave est l’insulte…
Laure Belhassen dresse dans Femmes animales une liste de mots abusivement présentés comme des offenses faites aux femmes. Prenons le mot «chienne». C’est une insulte indéniable, et parmi les pires de toutes. Il serait cependant réducteur de n’y voir qu’un indice de misogynie. Les racines de l’injure plongent dans