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Iran : la contestation ne s’éteint pas, elle se réinvente

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Si la rue ne connaît plus l’intensité des débuts du mouvement, la protestation s’adapte et devrait s’inscrire dans le temps long. La preuve : vingt organisations de la société civile ont formulé des revendications concrètes dont l’égalité homme-femme et l’abolition de la peine de mort, analyse le chercheur Jonathan Piron.

Un graffiti à Téhéran : «Ne le dis pas à maman.» Cette phrase de Mohammad Mehdi Karami à son père quand il apprend qu’il est condamné à mort est devenue un slogan. (DR)
Par
Jonathan Piron
Historien, spécialiste de l'Iran
Publié le 18/02/2023 à 14h04

Ce 14 février, sur de nombreux canaux Telegram iraniens, un texte signé par vingt organisations actives à l’intérieur de l’Iran surgit et énumère douze revendications pour la transformation de l’Iran. Il s’intitule : «Femme, vie, liberté. Charte des revendications minimales des organisations syndicales et civiles indépendantes d’Iran. Au Noble et libre peuple d’Iran !». Alors que les manifestations qui ont secoué l’Iran depuis septembre dernier s’épuisent, une nouvelle séquence semble s’ouvrir avec la publication de demandes formelles issues d’organisations de la société civile.

Parvenant à se coordonner, les organisations signant le document s’inscrivent résolument dans la continuité des protestations des derniers mois, mettant en avant la lutte «contre la misogynie et la discrimination sexuelle, l’insécurité économique sans fin, l’esclavage du travail, la pauvreté et la misère et l’oppression de classe, nationale et religieuse». Pour ces organisations, ce qui traverse aujourd’hui l’Iran est bien «une révolution contre toute forme de tyrannie religieuse et non religieuse qui existe depuis plus d’un an».

Face à une situation où «le pays est plongé dans un tel tourbillon de crises et de désintégration qu’au