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Entretien

Isabelle Rome : «Le viol reste en France le grand impuni, il faut que cela change»

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De même qu’on a progressé dans la lutte contre les violences intrafamiliales, on peut combattre l’impunité généralisée en matière de violences sexistes et sexuelles, explique l’ex-ministre de l’Egalité entre les femmes et les hommes. Redevenue magistrate, elle plaide pour que le non-consentement soit inscrit dans la définition du viol.
En 2023, lors de la marche pour la Journée internationale contre la violence à l’égard des femmes, à Paris. (Herve Chatel/Hans Lucas)
publié le 2 avril 2024 à 5h20

Est-ce parce qu’elle n’était pas assez cogneuse que l’ex-ministre de l’Egalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Egalité des chances, Isabelle Rome, a dû quitter le gouvernement, à l’occasion du remaniement de janvier 2024 ? A la lecture de son dernier livre, la Fin de l’impunité (Stock, février 2024), on en doute. La magistrate, habitée par trente ans de violences faites aux femmes, toutes celles qu’elle a vues défiler au tribunal et qu’elle ne peut oublier, y plaide pour une révolution à petits pas du droit et des mentalités. Car du sexisme ordinaire à la définition du viol, la lutte contre ces violences, sexuelles en particulier, ne mérite peut-être pas un sprint, mais une course de fond.

Comment allez-vous depuis que vous avez quitté la vie politique ? Cela ne vous manque pas trop ?

J’ai retrouvé le terrain, comme première présidente de chambre à la cour d’appel de Versailles. Un mi-temps à juger, un autre pour coordonner la mise en place des pôles sur les violences intrafamiliales à la cour et dans les tribunaux de son ressort. Je continue à lutter, différemment, contre les violences faites aux femmes. J’ai plus de liberté pour faire mes propositions, qui sont plus audibles et crédibles du fait de mes multiples casquettes : ex-ministre, trente ans de magistrature, haute fonctionnaire, ayant été au cœur du