On alerte tous depuis de longs mois sur le risque d’escalade au Proche-Orient qui aboutirait à un embrasement incontrôlable de la région : on s’en rapproche cette fois dangereusement. Lundi 23 septembre, en une seule journée, les frappes israéliennes ont tué plus de 500 personnes au Liban, parmi lesquelles des dizaines de cadres ou chefs du Hezbollah, cette milice islamiste financée par l’Iran. Et les frappes de Tsahal ont continué mardi, jusque dans la banlieue sud de Beyrouth, réussissant à tuer un chef important du Hezbollah, mais au prix de combien de vies innocentes ?
Rappelons que le Hezbollah, défini comme un «mouvement terroriste» par la France et par l’Union européenne, a largement contribué à ruiner le Liban, comme d’autres milices du pays qui se sont payées sur la bête sans état d’âme. Il est le bras armé de l’Iran face à Israël et bombarde régulièrement le nord de l’Etat hébreu depuis de longs mois. La riposte d’Israël peut donc être considérée comme légitime. Mais là, entre le sabotage par le Mossad des bipeurs et talkies-walkies utilisés par le Hezbollah la semaine dernière et les frappes massives de ces derniers jours, nous sommes entrés dans une autre dimension avec une déshumanisation manifeste du conflit.
Pendant longtemps, consigne était donnée aux militaires israéliens de limiter au minimum les pertes civiles quand il s’agissait d’abattre un cadre ou un chef du Hezbollah ou du Hamas (bras armé de l’Iran dans les territoires palestiniens). On a vu ces derniers mois à Gaza et lundi au Liban que cette consigne avait sauté. Désormais, tout est autorisé si cela permet d’abattre un terroriste supposé ou avéré. Et la violence ne permettra en aucun cas de venir à bout de cette fureur, elle ne fera que l’attiser. Mais l’Iran et son nouveau président ne semblent plus être maîtres de leurs proxys. Et les Etats-Unis ne parviennent pas à raisonner Benyamin Nétanyahou qui n’attend qu’une chose, une victoire de Donald Trump début novembre.