En 2016, l’historien Ivan Jablonka publiait Laëtitia (Seuil), livre de non-fiction qui avait été récompensé du prix Médicis du roman français. C’était une enquête sur le meurtre de Laëtitia Perrais, qui, à 18 ans, en 2011, fut assassinée, démembrée, poignardée. L’ouvrage était également un récit puisque Jablonka dressait autant que possible le portrait de Laëtitia Perrais, racontait son enfance, donnant ainsi à l’histoire de la victime une densité que le rapport factuel du fait divers par les journaux ne lui octroyait pas.
Depuis l’écrivain poursuit ce travail sur la masculinité et le patriarcat (Des hommes justes. Du patriarcat aux nouvelles masculinités, en 2019 ; Un garçon comme vous et moi, en 2021, tous les deux édités au Seuil) et publie en cette fin août, toujours au Seuil, la Culture du féminicide, un texte sur les représentations culturelles et l’imaginaire du féminicide «depuis la Bible jusqu’à Netflix», comme il l’écrit lui-même.
Il a recherché et il analyse les récits, les images, les pratiques (la dissection par exemple) qui évoquent directement, ou bien qui suggèrent en les euphémisant, en les déguisant «sous des allégories», le meurtre et la mutilation des femmes, et l’érotisation de ces actes. Nous baignons, et selon Jablonka, sans toujours en avoir conscience, dans cette «culture du féminicide».
Est-ce depuis Laëtitia que vous souhaitiez écrire sur ce sujet ?
J’avais un