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Jack Halberstam, anarcho-queer en quête du genre idéal

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L’universitaire queer défend une pensée de la dissidence de genre qui passe par un autre rapport aux mots, et appelle à se libérer des définitions pour embrasser une véritable politique trans coalitionnelle.
Jack Halberstam en 2015. (Hartwig Klappert)
publié le 19 décembre 2023 à 10h11

Disons-le d’emblée : le cœur n’y était pas. Deux jours après le 7 octobre et les attaques meurtrières qui frappaient Israël, tout autre sujet paraissait incongru, presque déplacé. Mais en ce lundi d’octobre, le centre d’art et de recherche parisien Bétonsalon, qui accueille ce soir-là le théoricien culturel queer Jack Halberstam, bruit tout de même d’agitation. Le professeur en littérature et études de genre à New York est de passage (fugace) pour présenter son livre Trans*, traduit pour la première fois en français aux éditions Libertalia. Et le public est venu nombreux entendre des promesses de «futurs aux genres multiples», et fuir le pesant présent.

Comme l’indique son sous-titre, «Brève histoire de la variabilité de genre», Trans* se propose d’explorer les «nouveaux déplacements de signification à l’œuvre dans la représentation du genre». «Variabilité», «déplacements» : l’astérisque accolé au terme «trans» permet, selon son auteur, de ne rien figer et d’embrasser la fluidité à rebours de classifications et catégorisations jugées étroites et réductrices. La démarche de Jack Halberstam convoque différentes figures : des penseurs du genre bien sûr, d’Eva Hayward à Paul B. Preciado, en passant par